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Magal 2022: Qui est Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du Mouridisme?

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Ahmadou Bamba (son nom complet est Ahmadou BAH est né à Mbacké-Baol au nord-est du Sénégal, ville fondée par son arrière-grand-père Maharame Mbacké dans le royaume de Baol. Il fut plus connu sous l’appellation de cheikh Ahmadou Bamba du nom de son homonyme cheikh Ahmadou Sall qui était un saint qui résidait dans la localité de Bamba(Saloum). Son père, Momar Anta Saly Mbacké, était un savant et un Cadi respecté par les rois de son époque. Sa mère Mame Diarra Bousso, plus connue sous le nom de Diarratou Allah (la protégée d’Allah) était une sainte reconnue tant par les Sénégalais que les Mauritaniens.

À l’âge de 7 ans, il fut confié à son oncle Thierno Mboussobé par son père afin d’apprendre le Coran. Ce dernier le confiera à Serigne Tafsir Mbacké Ndoumbé, l’oncle de sa mère, afin de compléter ses études coraniques. Lorsque Tafsir Mbacké mourut, Cheikh Ahmadou Bamba retourna à l’école de son père qu’il ne quitta plus. Du vivant de son père, il versifia les écrits sur le Tawhid notamment Oum al barahim de cheikh Abdallah Sanoussi qu’il intitula Mawahib al Qoddous. Cet ouvrage de 600 vers pousse son père Momar Anta Saly à l’introduire dans le programme de son école. Le Cheikh écrira d’autres livres parmi lesquels Tazawudou Cikhar (Le viatique des jeunes) et Jawharou Nafis (Le joyau précieux) qui est un commentaire en vers de l’imam Abd al-Rahman Al-Akhdari. Dans le soufisme, Cheikh Ahmadou Bamba versifia Bidayat al Hidaya petit traité de l’Imam Ghazâli qu’il intitula Moulayyinou Soudour. Il composa également des odes et des panégyriques exclusivement dédiés à Allah et au prophète Mahomet. Son père quitta en 1880 Patar pour aller fonder un autre village appelé Mbacké Cayor où il mourut trois ans plus tard en 1883[1].

Ahmadou Bamba resta à Mbacké Cayor pendant 2 ans dans le dessein d’aider les disciples de son père à approfondir leurs connaissances. Il affirma que le prophète Mahomet lui est apparu et lui a demandé d’éduquer ses disciples par l’étude. Il rassembla l’ensemble de ces étudiants qui étaient dans une daara (école coranique) et leur dit : « si vous voulez seulement étudier le Coran, vous pouvez aller trouver les nombreux maitres de ce pays. Que ceux qui veulent être éduqué pour atteindre la proximité divine restent à mes cotés ». Après ces propos il les laissa prendre leur décision, à la fin il ne resta que 39 disciples dans sa daara qui était l’une des plus grandes du pays.

C’est la naissance de la mouridiyyah (la voie qui mène vers Allah). Il fonde

Touba (Sénégal) en 1888, un lieu isolé situé à l’intérieur de la forêt de Mbaffar où il resta pendant 7 ans.

Début des épreuvesModifier

En 1889, après avoir constaté que trop de personnes lui vouaient un serment d’allégeance, le gouverneur français Clément Thomas donna l’ordre à cheikh Ahmadou Bamba de renvoyer ses disciples chez eux, mais ses directives demeurèrent sans effet. Une persécution générale s’ensuivit et les mourides furent dépossédés de leurs biens, si bien qu’un exode vers Touba fut organisé.

Après plusieurs tentatives infructueuses pour inviter le cheikh à se présenter à Saint-Louis, les convocations devinrent menaçantes mais ne donnèrent aucune suite. Ahmadou Bamba quitta Touba, pour s’installer à Mbacké Bari dans le Djolof à 50 km au nord de Touba en avril 1895. Il décide le 10 août 1895 d’aller répondre à la convocation du gouverneur en quittant Mbacké Bari et rencontre sur le chemin l’armée coloniale à Djéwol. Il est arrêté par cette dernière qui l’amène à Coki puis à Louga afin de prendre le train en direction de Saint-Louis. A Saint-Louis il est placé au siège du gouverneur de l’Afrique-Occidentale française (AOF). Le jeudi 5 septembre 1895, le conseil privé dirigé par le gouverneur général Louis Mouttet convoqua une assemblée à l’issue de laquelle la décision d’envoyer Cheikh Ahmadou Bamba vers le Gabon fut adoptée. Son frère Mame Thierno Birahim Mbacké supplée à son absence auprès de sa famille et de la communauté mouride. L’administration coloniale justifie alors sa décision en affirmant : « Il ressort clairement du rapport que l’on n’a pu relever contre Ahmadou Bamba aucun fait de prédication de guerre sainte, mais son attitude, ses agissements, et surtout ceux de ses principaux élèves sont en tous points suspects. »

Il fut embarqué le 21 septembre 1895 dans un paquebot brésilien, le Pernambuc, à destination du Gabon où il passa 7 années dont 5 ans à Mayumba et 2 ans à Lambaréné. À Mayumba, il fut pratiquement livré à la nature dans des endroits inhabités, sans abri, ni nourriture, à la merci des bêtes sauvages, des intempéries des saisons de la région. L’objectif visé par l’autorité coloniale était sa suppression pure et simple[2].

Retour d’exilModifier

Le , le navire Ville de Maceio où avait embarqué cheikh Ahmadou Bamba, arriva à Dakar au bout de 15 jours de navigation. Il fut accueilli par ses disciples et acclamé par la foule[2], alors que beaucoup pensaient qu’il était décédé. Il décida d’aller rendre visite à certains de ses disciples. Il fonda avec eux le village de Darou Marnane. Sa principale préoccupation dans cette zone était l’éducation spirituelle de ses talibés. À Darou Marnane beaucoup de gens vinrent lui rendre visite, de tous les coins du pays[2]. Ces mouvements de foule inquiétèrent à nouveau l’administration coloniale qui décida de l’arrêter, et de l’exiler en Mauritanie auprès d’un érudit maure, cheikh Sidia Baba. En 1904 à Sarsara, cheikh Ahmadou Bamba affirma avoir vu le prophète en veille et que ce dernier lui aurait remis son propre wird nommé « Al Wird’ul Maahuuzu ». Cheikh Ahmadou Bamba resta en Mauritanie jusqu’au  soit 4 ans et reçut de l’administration coloniale l’autorisation de revenir au Sénégal. Dès son retour il fut assigné en résidence surveillée à Thiéyène. Dans cet endroit Ahmadou Bamba et son entourage sont discrètement surveillés et les visites de ses disciples limitées[3].

Après avoir obtenu l’autorisation de retourner au Baol par une lettre que le gouverneur général du Sénégal Henri François Charles Cor avait adressée au gouverneur de l’AOF William Merlaud-Ponty, cheikh Ahmadou Bamba quitte Thiéyène le  pour arriver à Diourbel le . Il s’installa en février 1913 sur un site choisi par lui même qu’il nommera la maison bénite (buuq’at al-mubâraka), ou en wolof Keur gou Mak. Les autorités françaises réalisent que cheikh Ahmadou Bamba ne désire pas la guerre. Dès lors, puisque la doctrine de cheikh Ahmadou Bamba les sert, elles décident de collaborer avec lui. Pour sa contribution à la Première Guerre mondiale Ahmadou Bamba est honoré par le gouverneur, qui lui décerne en janvier 1919, le diplôme et la croix de chevalier de la légion d’honneur. Le marabout accepta le diplôme, mais refusa de porter la Croix de la légion d’honneur dans la mesure où ses principes religieux s’y opposaient. En 1921, le cheikh organisa publiquement pour la première fois l’anniversaire de son départ en exil. Il recommanda ensuite aux mourides de rendre grâce à Dieu chaque année à cette date par l’adoration de Dieu, la lecture du Coran et la distribution des repas.

Cheikh Ahmadou Bamba meurt le mardi  à Diourbel. Son corps fut transporté par voiture le lendemain à Touba et fut inhumé dans sa maison, rattachée aujourd’hui à la grande mosquée de Touba[4]. Il fut remplacé officiellement par son fils aîné cheikh Mouhamadou Moustapha Mbacké à la tête de la confrérie mouride[5]. Son tombeau est un lieu de pèlerinage[6].

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