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« Gatsa-Gatsa » patauge dans l’eau et l’assainissement (Par Dr. Abdourahmane Ba)

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Récemment, lors d’une rencontre à Accra avec une éminence grise sénégalaise, nous avons longuement échangé sur les défis pressants de l’assainissement en Afrique et, plus particulièrement, au Sénégal.

Cette conversation révélatrice a mis en lumière la complexité et l’ampleur des problèmes auxquels notre pays est confronté. Bien que des chiffres optimistes soient souvent avancés par des autorités plus politiciennes que politiques, j’ai tiré la sonnette d’alarme à maintes reprises sur l’incapacité de nos pays à atteindre l’Objectif de Développement Durable 6 (ODD 6), surtout au Sénégal.

Le Sénégal est en proie à des défis colossaux en matière d’assainissement, exacerbés par des inondations fréquentes et une urbanisation galopante qui mettent à rude épreuve le peu d’infrastructures déjà fragiles. À peine 48 % de la population dispose d’installations sanitaires adéquates, ce qui accroît la vulnérabilité aux maladies hydriques telles que le choléra. Le peu d’infrastructures de drainage existantes et obsolètes sont souvent submergées par des conditions extrêmes liées au changement climatique, ce qui entraîne systématiquement la contamination des sources d’eau potable. La gestion des déchets demeure problématique, avec une collecte et un traitement inadéquats qui polluent encore davantage les ressources en eau.

Le programme « gatsa-gatsa » présenté lors de l’élection présidentielle en mars 2024, a été conçu pour s’attaquer à ces défis en visant un accès universel à l’assainissement et en modernisant la gestion des déchets. Cependant, plus de trois mois après ses premiers bafouillages, il se heurte à des limites notoires. Le manque de financement adéquat, une coordination interinstitutionnelle défaillante, un tâtonnement irrigué dans l’incompétence qui entravent sa mise en œuvre. En outre, la mal-gouvernance et la corruption sapent les efforts entrepris, car certains acteurs continuent toujours de profiter du lucratif business des inondations et du drainage des eaux pluviales malgré des promesses de changements systémiques qui tardent à se matérialiser. Ces intérêts véreux freinent le progrès, ralentissent les projets ou détournent des fonds alloués à des initiatives essentielles.

Bien que des investissements soient annoncés par le gatsa-gatsa pour améliorer les infrastructures, peut-être en avançant la tête baissée et insouciante vers les obligations et eurobonds ou autres dettes toxiques, ces efforts sont souvent entravés par des ressources limitées et une exécution léthargique, ce qui compromet la capacité du gatsa-gatsa à répondre aux besoins croissants. Le programme gatsa-gatsa lutte désespérément à s’adapter aux réalités changeantes du pays, telles que l’impact du changement climatique et l’urbanisation effrénée, qui nécessitent des solutions plus inspirées et innovantes que du gatsa-gatsa MAA TAY !

Dans la ville de Kaolack, j’ai créé une association dédiée à s’attaquer aux problématiques d’assainissement, BATIR 2050. Malheureusement, le projet a été saboté par des groupes de politiciens et affairistes véreux, nourris par le commerce des inondations, malgré l’appui des autorités municipales et du préfet de Kaolack. Récemment, j’ai également reçu des remerciements du président de l’Association des ressortissants de Danthiady en France (ARDF) pour mes conseils et mon soutien, qui ont aidé à obtenir un financement pour un projet de gestion des déchets dans mon village d’origine, Danthiady, et ses environs. Un projet qui va impacter positivementsur plus 10.000 personnes.

Ces quelques expériences soulignent les obstacles structurels et institutionnels auxquels nous faisons face, mais elles montrent également que des progrès sont possibles grâce à la coopération et à la détermination. Pour surmonter ces défis à plus grande échelle, il est crucial de revoir stratégiquement le programme gatsa-gatsa pour le rendre plus mature et responsable, améliorer le financement, renforcer la coordination entre les parties prenantes, et adopter des solutions plus innovantes et durables tout en luttant contre la corruption et la mal-gouvernance dans le secteur.

Dr. Abdourahmane Ba
Kabatoki, Kaolack

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