Si le courage est dans le commencement, le mérite se trouve dans la capacité à déceler et à corriger les imperfections issues de sa propre création, imperfections révélées par la pratique et le temps.

Face à la profonde crise qui secoue, actuellement la filière arachidière, affaiblie par une campagne de commercialisation pour le moins branlante, l’Etat du Sénégal devrait prendre à son compte, cet adage qui nous recommande de nous remettre en question, pour apporter les correctifs nécessaires à une œuvre devant se parfaire.

Dans l’entretien qu’il a accordé aux journalistes de Kaolack infos, Monsieur Boubacar AW, Coordinateur Régional du Syndicat National des Corps Gras du Sénégal, a fait une radioscopie d’une filière arachidière jugée malade, tout en prenant le soin de proposer des solutions.

I/- Arrêt de l’achat des graines et de leur exportation par les chinois

La campagne de commercialisation des arachides édition 2019-2020 a la particularité d’être marquée par une concurrence déloyale imposée par les opérateurs chinois qui ont complètement désarticulé le circuit de collecte avant d’exporter l’essentiel de la production vers la Chine.

La participation des chinois à la campagne de commercialisation des arachides n’est, nullement, du gout de Boubacar AW qui trouve anormal que tous les investissements et subventions en semences, engrais et en matériels agricoles soient captés par les chinois « passés maitre dans l’art de mettre à genoux l’économie des pays où ils sont acceptés.»

De l’avis de Monsieur AW, 26 000 Tonnes de graines d’arachide, ont déjà été exportées par les chinois au moment où la SONACOS SA peine à réceptionner 1000 Tonnes dans son usine de Lyndiane qui a un objectif de 150 000 Tonnes.

Comme si cela ne suffisait pas, les chinois ont déjà pris en location 70 conteneurs en attente au Port de Dakar.

Ainsi, selon toujours le Coordinateur du Syndicat des Corps Gras à Kaolack, il y a une urgence pour l’Etat d’arrêter l’achat et l’exportation des graines par les chinois, si l’on veut véritablement sauver la filière arachidière cliniquement déclarée pour morte.

Les chinois seront cependant désintéressés par la SONACOS SA à hauteur de l’enveloppe dégagée et les graines utilisées pour faire fonctionner l’huilerie et sauver les milliers d’emplois.

II/- Pour le retour au système coopératif

Parmi les solutions préconisées par Boubacar AW du Syndicat National des Corps Gras, il y a la mise à mort de l’intermédiation que jouent les Organismes Privés Stockeurs (OPS) entre les huiliers et les paysans.

En effet, pour Mr AW, le rôle néfaste que joue les OPS véreux dans la filière, n’est pas étranger à la situation que traverse cette dernière.

A son avis, il faut changer de système en excluant toute forme d’intermédiation.

Enfin, Boubacar AW de préconiser le retour du système de coopérative pour assainir la filière arachidière, au-delà de la commercialisation.

C’est là une expérience que le Sénégal a connue au lendemain des indépendances. Certes une expérience, un système avec des avantages et des inconvénients, mais tout un programme qui avait permis d’inclure, de responsabiliser, de mettre les paysans au centre de la gestion de la filière.

Aujourd’hui, avec du recul et une évaluation exhaustive de ce système, l’Etat peut explorer une piste prometteuse.

1. Cissé et M. Thioune